Etre mère d’un préma, c’est tomber des nues car c’est la première grossesse et qu’on s’imaginait tout sauf ça.

Etre mère d’un préma, c’est avant cela, prolonger le plus possible la grossesse pour lui laisser le plus de chances possible au-dehors, pour ne pas qu’il naisse à 27 semaines.

Etre mère d’un préma, c’est avoir envie de hurler la veille de sa naissance parce que non, on ne veut pas la terminer cette grossesse, même si les médecins disent que demain, il sera mieux dehors que dedans.

Etre mère d’un préma, c’est avoir envie de s’enfuir de la salle de césa, avoir les yeux remplis d’effroi en voyant arriver la couveuse, les tuyaux et le défibrillateur pour le réanimer.

Etre mère d’un préma, c’est être surprise en entendant le gynéco dire en saisissant son bébé “mais qu’il est gros” !

Etre mère d’un préma, c’est pleurer d’émotion en l’entendant crier, juste parce qu’il est vivant…

Etre mère d’un préma, c’est vouloir se détacher pour l’apercevoir et ne pas y arriver.

Etre mère d’un préma, c’est avoir le coeur chaviré d’amour en découvrant ses grands yeux bleus marine et sa peau douce et rose.

Etre mère d’un préma, c’est réaliser qu’on est devenue mère en voyant son bébé dans les bras de son papa.

Etre mère d’un préma, c’est laisser les médecins prendre le pas sur la tétée précoce et le peau-à-peau…

Etre mère d’un préma, c’est trembler à chaque fois qu’un médecin le touche tant qu’on est à la maternité…

Etre mère d’un préma, c’est avoir peur de le blesser, ce petit être qui devrait être encore bien caché au fond de notre ventre…

Etre mère d’un préma, c’est se faire culpabiliser par l’équipe médicale qui ne cesse de nous dire “mais vous ne vous rendez pas compte, vous n’avez pas assez de lait, c’est un préma”.

Etre mère d’un préma, c’est subir les pesées avant et après chaque tétée et voir la tête inquiète du personnel soignant.

Etre mère d’un préma, c’est voir son bébé secouer pour qu’il se réveille à heures fixes pour bébé et le voir finalement hurler dès qu’il reconnait le sein…

Etre mère d’un préma, c’est renoncer à l’allaitement à contre coeur pour qu’on puisse voir les quantités,  et que finalement, bébé ne grossit pas plus pour autant.

Etre mère d’un préma, c’est finalement rencontre le chef du service pédiatrie qui nous a laissé sortir au bout de 15 jours alors que Bébé n’avait pris que 10 gr sur une journée. C’est rencontrer une personne qui se dit que sans stress, Bébé prendra sûrement du poids plus vite que là.

Etre mère d’un préma, c’est voir qu’à peine rentrés à la maison, Bébé se jette sur ses biberons et grossit de manière fulgurante.

Etre mère d’un préma, c’est se dire qu’on ne pourra plus jamais revenir ça et c’est dire qu’on ne veut plus d’enfants.

Etre mère d’un ex-préma, c’est voir les gens tomber des nues quand je leur dis que mon grand garçon avec son acte de naissance à Lille est né à 35 semaines…lui qui, à 8 ans, porte du 12 ans et chausse du 37…

Etre mère d’un ex-préma, ce sont les souvenirs qui se sont pressés dans la tête lors de la journée mondiale de la prématurité le 17 novembre dernier…c’est loin et c’est proche tout ça…

Je sais que j’ai été chanceuse et beaucoup n’ont pas eu autant chance que nous. Des enfants sont nés bien avant ce terme, certains parents ont vécu des drames et d’autres ont dû se battre pour leur enfant. Je le sais avec le recul. Mais tout n’a pas été simple à vivre à l’époque à mon niveau…

Ceci est ma participation au RDV Etre mère de Babidji.

etre mère